Une Glock 17monogramme de Louis Vuitton, un fusil d’assaut AK-47 doré presque identique à celui de Saddam Hussein, une carabine semi-automatique Typhoon F12, conçue pour chasser les ours ou les cerfs… Voilà quelques exemples d’armes que les agents de l’UDYCO de la Police Nationale ont découvertes entre les mains de narcotrafiquants espagnols au cours de l’année écoulée.
Un changement significatif s’est opéré chez les narcos espagnols, comme le confirment des sources spécialisées dans la lutte antidrogue. “Il était autrefois rare de trouver une arme à feu lors de l’intervention sur l’une de ces bandes criminelles ; aujourd’hui, il est plutôt exceptionnel de ne pas en découvrir”, ajoute-t-on. Ces mêmes sources appellent à accorder plus de moyens pour lutter contre le narcotrafic en Espagne.
Fusil d’un narco basé en Andalousie, semblable à celui de Saddam Hussein.
Jusqu’à récemment, les narcotrafiquants s’armaient principalement pour se “défendre” contre d’éventuels vols de drogue commis par des concurrents. À présent, les armes sont également utilisées à des fins offensives (pour mener leurs propres attaques) et même pour “gagner du prestige et se vanter”.
La police a déjà constaté que certains narcos du sud de l’Espagne “personnalisent” leurs armes, tandis que d’autres les commandent sur mesure. De cette manière, ils se distinguent et accroissent leur statut social, comme le narco qui a fait graver son arme avec le logo de Louis Vuitton.
Les Galiciens, plus discrets
Les clans de narcotrafiquants basés en Andalousie sont les mieux armés et les plus ostentatoires. “Les narcos galiciens sont plus discrets et ne cherchent pas à se montrer”, précise une source.
La majorité des armes proviennent des pays d’Europe de l’Est. Elles peuvent être achetées en pièces détachées. Une arme basique, sans personnalisation, peut coûter entre 2000 et 3000 euros. Un fusil peut se négocier entre 3000 et 7000 euros, selon les acteurs de la lutte antidrogue.
Carabine semi-automatique Typhoon F-12, utilisée pour la chasse et trouvée lors d’une intervention policière.
Le problème réside dans le fait que les narcotrafiquants du sud de l’Espagne commencent à accumuler des armes à cause de l’instabilité des rivalités internes. Il n’y a plus seulement deux ou trois grands barons de la drogue dans la région, indique la police. “Il y a maintenant de petits chefs, et les réseaux criminels ont externalisé leurs services, recrutant des porteurs ou des transporteurs pour des missions spécifiques, payés à la tâche“, précisent-ils.
Ces nouveaux travailleurs “autonomes” du narcotrafic ne sont rattachés à aucune organisation ni à un chef particulier. Cette situation engendre moins de loyauté et de stabilité, augmentant ainsi les “trahisons”, ainsi que la violence. Vols de drogue, agressions, enlèvements, et tirs injurieux font partie des méthodes désormais en usage.
El Niño Juan
La semaine dernière, plusieurs délinquants ont enlevé El Niño Juan
L’estimation annonce que cette année, 20 meurtres dus à des règlements de comptes liés au narcotrafic pourraient survenir en Espagne. Cela ne représente pas un chiffre anodin, équivalent aux statistiques italiennes. En France, le bilan annuel s’annonce à environ 250 meurtres
Points importants à retenir
- Les narcotrafiquants espagnols sont de plus en plus armés, utilisant des armes pour des tâches offensives et non seulement défensives.
- Les armes proviennent en grande partie des pays d’Europe de l’Est et sont souvent personnalisées pour impressionner.
- La commission de différents types de violence, allant du vol à l’enlèvement, est en augmentation à cause d’une fragmentation des réseaux.
- La situation devient préoccupante en raison de l’instabilité accrue entre les groupes criminels.
En examinant ce dossier, on ne peut s’empêcher d’être interpellé par la rapidité avec laquelle la violence et les rapports de force entre narcotrafiquants ont évolué. Ce qui était jadis une lutte pour la défense d’un territoire se transforme en un véritable spectacle d’armement ostentatoire, où chaque acte devient une stratégie pour affirmer une dominance fugace. L’arène du narcotrafic semble se complexifier, laissant présager des jours sombres à venir pour ceux qui, comme moi, espèrent un retour à une société plus sereine. Que peut-on faire face à cette escalade, sinon s’interroger sur les conséquences que cela aura sur nos communautés ?





