Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs


Que ce soit avec un handicap visible ou invisible, le parcours des voyageurs est semé d’embûches. Pourtant, une évolution est en cours, marquée par une prise de conscience progressive.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, près de 1,3 milliard de personnes, soit environ 16 % de la population mondiale, vivent avec un handicap notable. Alors que certains pays, comme l’Australie, mettent en avant des initiatives en matière d’accessibilité, de nombreux obstacles persistent pour les voyageurs handicapés.

Dominique Tremblay, ancien athlète paralympique et actuel directeur des opérations de la Fédération internationale de boccia, a voyagé dans près de quarante pays. Avec environ six voyages par an pendant plus de vingt ans, il a été confronté à divers défis : fauteuils roulants endommagés par les compagnies aériennes, chambres d’hôtel inadaptées malgré leur étiquette d’accessibles, absence de sensibilisation des personnels… « Le cœur du problème réside dans le manque de formation des équipes qui côtoient les personnes en situation de handicap, explique-t-il. À l’aéroport, il arrive souvent que l’on s’adresse directement à mon accompagnateur non handicapé, plutôt qu’à moi. On présume également que je ne peux pas réaliser certaines actions, conférant ainsi des services inutiles à la place de m’interroger.»

À force de voyages, il a appris à prioriser ses besoins en fournissant des informations dès le début. Chaque étape de ses déplacements est minutieusement planifiée pour garantir une adaptation à ses exigences. « Parfois, je choisis même une chambre d’hôtel non adaptée, car la chambre supposément accessible peut engendrer plus de désagréments qu’elle ne résout de problèmes », précise-t-il.

Et au Québec ?

Bien que les besoins soient divers, Dominique reconnait les efforts d’organismes comme Kéroul, qui œuvre pour un accès au tourisme et à la culture pour tous depuis 45 ans. « L’accessibilité est un processus de longue haleine, dit Bruno Ronfard, son directeur général. C’est un chemin sans fin, car nous souhaitons toujours progresser vers plus d’inclusivité. »

M. Ronfard note que de plus en plus d’entreprises s’attachent à améliorer l’accueil des personnes ayant des handicaps invisibles, ainsi que des personnes à mobilité réduite. « Par exemple, nous constatons une hausse d’établissements proposant des espaces de détente et d’autres aménagements discrets », indique-t-il.

Pour lui, il est essentiel que l’environnement ainsi que l’accueil soient adaptés de manière respectueuse. « L’objectif n’est pas que quelqu’un affiche un badge indiquant son appartenance à la communauté sourde ou aveugle, mais qu’il puisse, sans difficulté, trouver les ressources nécessaires pour se sentir bien », souligne-t-il. Les personnes neurodivergentes, vieillissantes, touchées par des maladies chroniques ou souffrant d’allergies font aussi partie des préoccupations de l’organisme à but non lucratif.

Kéroul ambitionne d’aller au-delà des simples certifications des lieux : l’objectif est d’améliorer le vécu des visiteurs tant en matière de déplacements que d’accueil. « Nous avons des parcours établis avec des personnes en situation de handicap et les employés de l’hôtel, explique M. Ronfard. Trop d’aspects échappent à la vigilance, même à celle de nos évaluateurs. » L’intégration de personnes en situation de handicap au sein des entreprises touristiques joue également un rôle crucial dans la perception d’inclusion des visiteurs, selon lui.

Il est indéniable que l’équipe de Kéroul ne chôme pas pour faire avancer les choses. « Nous élargissons nos attentions sans perdre de vue l’importance de l’accessibilité physique, insiste M. Ronfard. C’est primordial de continuer à porter attention à l’environnement physique dans nos préoccupations. »

« Les choses se sont-elles réellement améliorées ou est-ce moi qui me suis adapté ? », s’interroge Dominique Tremblay. Une chose est sûre, le discours autour de l’inclusivité est bien plus présent aujourd’hui qu’il y a deux décennies.

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Notre point de vue

L’accessibilité et l’inclusivité dans le secteur du tourisme ne doivent pas être considérées comme de simples objectifs à atteindre, mais comme un impératif moral. Chaque individu mérite de vivre pleinement ses expériences de voyage, peu importe ses restrictions. Les retours d’experts comme Dominique Tremblay et les efforts des organismes comme Kéroul montrent que le chemin est encore long, mais fondamental pour avancer vers une société où chaque action compte pour garantir l’égalité d’accès à tous.



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