Le président taïwanais, Lai Ching-te, a entamé ce samedi un voyage à destination de plusieurs pays du Pacifique, marquant un moment significatif dans le contexte géopolitique actuel. À bord d’un vol de China Airlines, il a quitté Taipei peu avant 17h00 (09h00 GMT) pour effectuer une tournée comprenant des escales aux États-Unis, à Hawaï et à Guam, des étapes qui suscitent des tensions avec Pékin.
Considérée par la Chine comme une province à réintégrer, Taïwan doit faire face à des menaces, y compris la possibilité d’une action militaire. Ce voyage à l’étranger pour Lai Ching-te, le premier depuis son entrée en fonction en mai, le conduira vers des pays comme les îles Marshall, Tuvalu et Palaos, qui sont parmi les rares nations à reconnaître Taïwan dans cette région.
La visite à Hawaï et Guam, où il prévoit de rencontrer de “vieux amis” et des “membres de groupes de réflexion”, pourrait renforcer les liens diplomatiques en dépit des préoccupations de la Chine. Ce dernier, de facto antagoniste de toute interaction officielle entre Taiwan et d’autres pays, ainsi que des organismes internationaux, intensifie ses efforts pour écarter Taïwan de la scène mondiale.
Pékin a souvent qualifié Lai Ching-te de “séparatiste” et augmente régulièrement sa pression militaire autour de l’île, intensifiant ainsi le climat d’inquiétude quant à la souveraineté de Taïwan.
Un lien renforcé avec les États-Unis
Des visites précédentes de responsables taïwanais aux États-Unis lors de voyages à travers le Pacifique et l’Amérique latine illustrent l’importance de ces échanges. À titre d’exemple, la prédécesseure de Lai, Tsai Ing-wen, avait également fait escale aux États-Unis en 2017. Plus récemment, elle avait rencontré Kevin McCarthy, ancien président de la Chambre des représentants des États-Unis. Les réactions de Pékin à ces interactions ont été marquées par des exercices militaires menés autour de Taïwan.
Ce mois-ci, le ministre des Affaires étrangères taïwanais, Lin Chia-lung, a eu des discussions à Bruxelles qui soulignent l’importance croissante de Taïwan sur la scène internationale. Selon Bonnie Glaser, une analyste respectée du German Marshall Fund, la Chine cherche à isoler Taïwan sur le plan diplomatique. Elle souligne que les voyages officiels des présidents taïwanais rappellent qu’il existe des pays qui valorisent leurs relations avec l’île, particulièrement dans un contexte où Taïwan joue un rôle capital dans l’industrie des semi-conducteurs.
Les États-Unis, bien qu’ayant reconnu Pékin en 1979, restent le principal allié de Taïwan, continuant d’en faire un partenaire stratégique. En témoignent les récentes autorisations de vente d’armement de la part de Washington, qui incluent des pièces pour des F-16, d’une valeur d’environ 320 millions de dollars.
L’annonce de la tournée de Lai Ching-te a été suivie de l’observation par le ministère de la Défense taïwanais de 33 avions et de huit navires de guerre chinois dans ses eaux, marquant un accroissement des activités militaires dans la région.
Notre point de vue
À un moment où l’importance géopolitique de Taïwan ne peut être ignorée, la tournée de son président à travers le Pacifique soulève de nombreuses questions sur les enjeux de souveraineté et d’identité. Ce voyage illustre non seulement la détermination de Taïwan à maintenir des relations diplomatiques, mais également la nécessité croissante d’une solidarité internationale face à l’intensification des pressions exercées par Pékin. L’engagement des États-Unis en faveur de Taïwan semble jouer un rôle crucial, marquant un équilibre délicat entre la diplomatie et la défense des valeurs démocratiques. L’attention portée aux alliances stratégiques dans la région se doit d’être au cœur des discussions internationales, projetant un éclairage sur les équilibres à venir dans cette partie du monde.