Antony Blinken, après son passage en Corée du Sud, au Japon et en France, a récemment partagé un dîner à Rome avec ses homologues de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne et d’Italie.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a, lors de l’ouverture des discussions, évoqué la volonté des puissances occidentales de voir apparaître une Syrie stable et unie. Cela fait suite à la récente destitution de Bachar el-Assad par des rébellions islamistes.
Lors de son séjour à Paris, M. Blinken avait également affirmé que les États-Unis, aux côtés des nations européennes, aspirent à une Syrie paisible et harmonieuse, face aux bouleversements politiques actuels.
Cependant, la situation est préoccupante, surtout à la suite de l’avertissement lancé par la Turquie, menaçant de lancer une offensive militaire contre les forces kurdes en Syrie. Ces dernières ont établi un semblant d’autonomie durant la guerre civile qui déchire le pays depuis 2011.
Les récents affrontements dans le nord de la Syrie ont causé la mort d’au moins 37 personnes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Efficaces dans la lutte contre le groupe État islamique (EI), les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui bénéficient du soutien occidental, se trouvent néanmoins accusées par la Turquie de relations avec des séparatistes kurdes sur son territoire.
M. Blinken a rassuré mercredi à Paris que les États-Unis déploient de grands efforts pour répondre aux inquiétudes légitimes de la Turquie et tenter d’éviter une opération militaire à l’encontre des combattants kurdes, tout en précisant que ce processus nécessitera du temps.
Concernant la Syrie, il ne s’attend pas à des changements notables de la part du futur président américain, Donald Trump, qui doit entrer en fonction le 20 janvier.
Au cours de son mandat antérieur, Trump avait envisagé de céder aux demandes d’Erdogan en retirant les troupes américaines soutenant les Kurdes, mais avait renoncé à cette idée suite aux objections d’Emmanuel Macron.
Un autre point discuté à Rome concerne les sanctions imposées à la Syrie.
Le ministre français, Jean-Noël Barrot, a souligné qu’il pourrait être justifié de lever certaines sanctions rapidement.
En outre, le département du Trésor américain a annoncé sa volonté d’assouplir certaines restrictions touchant les services essentiels, tout en restant prudent avant de procéder à untel assouplissement sur une plus large échelle.
Il est peu probable que le gouvernement Biden, dans ses derniers jours, soit enclin à retirer les rebelles syriens du Hayat Tahrir al-Sham (HTS) de la liste noire américaine.
Bien que les puissances occidentales semblent généralement accordées sur la question syrienne, quelques divergences émergent. M. Blinken a souligné l’importance de ramener dans leurs pays d’origine les militants étrangers de l’EI et leurs familles, détenus dans des camps en Syrie, ce que la France et le Royaume-Uni hésitent à réaliser, malgré les attaques jihadistes qu’ils ont subies.
Ces pourparlers à Rome interviennent une semaine après que Jean-Noël Barrot et Annalena Baerbock ont exprimé leur point de vue à Damas, plaidant pour une transition politique inclusive auprès du nouveau leader syrien Ahmad al-Chareh.
Ce dernier, dirigeant du mouvement HTS, a assuré la protection des minorités, à la suite de la chute d’un régime de Bachar al-Assad, connu pour son caractère laïque.
Un haut responsable américain a également fait savoir récemment que la récompense de 10 millions de dollars promise pour la capture de M. Chareh était annulée.
M. Tajani se rendra en Syrie pour y annoncer les premières aides au développement.
Contrairement à d’autres puissances européennes, l’Italie avait pris des mesures pour normaliser ses relations avec le régime d’Assad quelques semaines avant sa chute, pensant qu’il maintiendrait le contrôle sur le pays.
Notre point de vue
La situation en Syrie est emblématique des tensions géopolitiques contemporaines. La recherche d’une Syrie unie et stable est un objectif louable, mais il nécessite une reconnaissance des aspirations des différentes communautés, notamment les Kurdes. L’approche occidentale doit intégrer une écoute des préoccupations locales pour éviter une régionalisation des conflits. Des solutions durables ne se construiront que par le dialogue et la volonté de toutes les parties d’aller au-delà de leurs intérêts immédiats.
Article original rédigé par : Prénom Nom.