Dans son dernier ouvrage, Gaëlle Josse retrace le cheminement douloureux d’une femme face à la perte de son compagnon. Ce récit poignant et sensible met en lumière les différents moments d’une quête de renaissance après le deuil.
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Comment faire face à la perte d’un être cher ? Dans son dernier livre, De nos blessures un royaume, Gaëlle Josse s’attaque avec finesse à ce défi complexe, une exploration délicate du deuil, orientée vers la quête d’une nouvelle liberté. L’ouvrage, qui évoque un voyage initiatique, sera disponible ce jeudi 9 janvier aux éditions Buchet-Chastel.
L’histoire suit Agnès, qui, après la mort brutale de Guillaume, son amoureux de toujours, tente de naviguer à travers son chagrin. Malgré ses efforts pour continuer son quotidien, un an plus tard, elle ressent le besoin d’échapper à cette douleur lancinante. Elle se lance alors dans un périple à travers l’Europe, emportant avec elle le livre préféré de son compagnon, symbole de leur amour, qu’elle souhaite laisser au Musée des relations rompues à Zagreb.
Réputée pour son approche introspective, Gaëlle Josse a déjà abordé des thématiques similaires dans ses précédents romans. Lors d’une apparition en 2021 sur le plateau de “La grande librairie”, elle a partagé son ancrage dans l’idée de la chute et de la résilience, une constante dans son écriture : “Chacun est sa propre solution.” A travers l’odyssée d’Agnès, elle interroge le parcours à entreprendre après un événement tragique et les voies possibles pour relancer sa vie.
Ce livre est imprégné d’une douceur et d’une lumière qui contrastent avec la lourdeur du deuil. Chaque étape du voyage d’Agnès est jalonnée de souvenirs et de réflexions sur l’amour, la perte, mais aussi sur les changements nécessaires pour avancer. Les paysages qu’elle traverse, notamment en Italie, deviennent des témoins de son cheminement intérieur, rappelant à la fois les moments de joie et la mélancolie de ce qui a été.
Parfois, au milieu des naufrages émotionnels, la narration n’hésite pas à explorer la désolation et le combat intérieur d’Agnès. Elle se confronte à des lieux évoquant des souvenirs, à Milan par exemple, où une simple figue sur un tableau la reconnecte à la précarité de la vie. Ce voyage se transforme en acte de mémoire et de célébration, une manière d’écrire une lettre d’amour à Guillaume.
À lire : “De nos blessures un royaume” de Gaëlle Josse, éditeur Buchet-Chastel, 176 pages.
Extrait : “C’est d’un voyage lent dont j’ai envie, un peu incertain, indécis, avec des détours et des étapes…” (page 19)
Notre point de vue
L’œuvre de Gaëlle Josse nous rappelle que la douleur, bien que personnelle, peut être explorée collectivement. La façon dont elle navigue à travers les thématiques du deuil et de la renaissance invite à réfléchir sur les mécanismes de résilience que chacun peut cultiver. En apportant une lumière sur l’importance du souvenir, du voyage et des rituels, elle souligne que, même dans les moments les plus obscurs, il existe des chemins vers la guérison et la transformation. La littérature sert ici d’ancrage et de refuge, offrant des perspectives précieuses sur le fait de vivre avec ses blessures tout en aspirant à retrouver sa lumière.