Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) exhorte vivement les États à prioriser des actions destinées à sauvegarder des vies. Ce message est particulièrement poignant alors qu’une vague de réfugiés apatrides rohingyas en provenance du Myanmar cherche désespérément asile dans la région depuis le début de l’année. En seulement cinq jours, 460 personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants, ont réussi à rejoindre des pays comme la Malaisie et l’Indonésie après avoir traversé des mers périlleuses, laissant derrière elles des tragédies maritimes qui ont déjà coûté la vie à dix individus.
Trois semaines plus tôt, 115 Rohingyas avait trouvé refuge au Sri Lanka, mais pas sans avoir auparavant perdu la vie de six camarades en mer. “Il est essentiel de sauver des vies en priorité”, a déclaré Hai Kyung Jun, Directrice régionale du HCR pour l’Asie et le Pacifique, dans une récente déclaration.
![Des réfugiés rohingyas secourus par les autorités locales en Indonésie, après un périple tragique (octobre 2024).](https://ellecitoyenne.com/medias/2025/01/Tragedie-en-mer-le-HCR-revele-la-perte-de.jpg)
Des réfugiés rohingyas secourus par les autorités locales en Indonésie après un périple tragique (octobre 2024).
Plus de 650 personnes mortes ou disparues en 2024
La représentante du HCR souligne les efforts déjà déployés par les gouvernements de la région pour accueillir ces populations vulnérables qui échappent aux violences et persécutions dans leur patrie. “Nous sommes prêts à apporter notre soutien aux initiatives locales pour leur venir en aide”, a-t-elle ajouté.
Ces nouvelles arrivées s’inscrivent dans le contexte de l’intensification des affrontements au Myanmar. En effet, plus de 7 800 Rohingyas ont tenté de fuir le pays en 2024, soit une augmentation remarquable de 80 % par rapport à l’année précédente. Malheureusement, plus de 650 d’entre eux ont été déclarés morts ou disparus pendant ce périple, inscrivant cette odyssée tragique parmi les plus dangereuses au monde.
Plus d’enfants, représentant 44 % des passagers, ont également été recensés dans ces traversées, tandis que la part de femmes a atteint près d’un tiers des effectifs. L’an dernier, le HCR a noté que de nombreux Rohingyas, désespérés, s’étaient aventurés à traverser la rivière Naf vers le Bangladesh, affrontant des conditions météorologiques brutales. Une part croissante de ces réfugiés quittent désormais directement le Myanmar au lieu de partir des camps du Bangladesh, comme c’était le cas auparavant.
Réfugiés rohingyas refoulés d’Indonésie et de Malaisie
Les Rohingyas, majoritairement musulmans, subissent de fortes persécutions au Myanmar. Après avoir fui en masse vers le Bangladesh en 2017, la situation ne s’est guère améliorée depuis le coup d’État militaire de 2021, qui a encore exacerbé la crise. Des milliers continuent de risquer leur vie sur des traversées maritimes, visant principalement les côtes de Malaisie ou d’Indonésie.
Malheureusement, comme l’indiquent plusieurs rapports, certains réfugiés ont récemment été refoulés en mer par les autorités malaisiennes, justifiant ainsi une préoccupation croissante. Le HCR a confirmé que ces retours en mer se produisent, tout en affirmant que, bien que les États aient la légitimité de contrôler leurs frontières, cela ne doit pas compromettre le droit des individus à rechercher la sécurité.
Des milliers de Rohingyas en quête de refuge dans les mois à venir
Le HCR appelle tous les États à intensifier leurs efforts de recherche et de sauvetage, tout en veillant à ce que les survivants bénéficient de l’assistance et de la protection nécessaires. La détérioration continue de la situation au Myanmar indique que le nombre de personnes fuyant pourrait encore augmenter dans les mois à venir.
Le HCR met l’accent sur l’importance de la coopération régionale, comme celle déjà mise en place par l’ASEAN, pour faire face aux mouvements migratoires irréguliers. Il est impératif que les États se concentrent sur la protection en mer, veillent aux besoins humanitaires et combattent les récits mensongers entourant la présence de réfugiés sur leurs côtes, qui ne font qu’aggraver les préjugés et la stigmatisation associés à cette crise humaine.
Notre point de vue
Ces événements mettent en lumière la tragédie incessante des réfugiés rohingyas, dont la lutte pour la survie est exacerbée par des conflits persistants et une indifférence collective. Il est crucial que les États façonnent des politiques qui doivent non seulement respecter le droit d’asile, mais également promouvoir des réponses humaines face aux crises migratoires. La coopération régionale, tout comme une approche fondée sur l’empathie et le dialogue, doit primer pour garantir que chacun puisse retrouver dignité et sécurité.