Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) exhorte les États à prioriser les initiatives visant à secourir des vies, alors que des centaines de réfugiés rohingyas, en provenance du Myanmar, cherchent asile dans la région depuis le début de l’année. En l’espace de quelques jours, 460 personnes, y compris des enfants et des femmes, ont atteint les côtes de pays voisins tels que la Malaisie et l’Indonésie, fuyant après avoir passé de longues semaines en mer. Malheureusement, cette aventure maritime a déjà coûté la vie à dix individus.
Trois semaines plus tôt, un groupe de 115 Rohingyas avait atteint le Sri Lanka, mais non sans avoir perdu six compatriotes dans les flots.
« Sauver des vies doit être la priorité absolue », a affirmé Hai Kyung Jun, Directrice du bureau régional du HCR pour l’Asie et le Pacifique, dans un communiqué dédié.
Plus de 650 personnes portées disparues en 2024
« Nous saluons les démarches entreprises par les gouvernements locaux pour accueillir ces personnes vulnérables, qui ont fui les conflits et la persécution dans leur pays d’origine et qui ont survécu dans des conditions désastreuses en mer », a ajouté Mme Jun.
Ces nouvelles arrivées interviennent durant la saison où la navigation est facilitée par des conditions climatiques plus clémentes, suite à l’intensification des combats au Myanmar.
Au total, en 2024, plus de 7 800 Rohingyas ont tenté de fuir le pays par voie maritime, représentant une hausse de 80 % par rapport à l’année précédente, et 650 d’entre eux ont perdu la vie ou étaient portés disparus en cours de route, ce qui fait de ce trajet l’un des plus périlleux au monde. Une augmentation notable a également été observée chez les enfants, qui représentent désormais 44 % des passagers, tandis que le pourcentage de femmes a atteint près d’un tiers.
Le HCR a également relevé que beaucoup de Rohingyas, dans un élan désespéré pour fuir, ont tenté de traverser la rivière Naf vers le Bangladesh, même par temps violent, pendant la saison des pluies, et une proportion jusqu’ici croissante s’embarque directement depuis le Myanmar, contrairement à avant, où ils quittaient principalement des camps au Bangladesh.
Réfugiés rohingyas repoussés d’Indonésie et de Malaisie
Les Rohingyas, majoritairement musulmans, subissent une forte persécution au Myanmar, avec des dizaines de milliers d’entre eux ayant fui vers le Bangladesh en 2017. La prise de pouvoir par la junte militaire en 2021 et la guerre qui a suivi ont accentué cette crise, poussant millions de personnes à quitter leur terre natale. Chaque année, des milliers d’eux entreprennent des voyages dangereux en mer, cherchant refuge au Sud-Est asiatique, notamment en Malaisie et en Indonésie.
Des médias rapportent que ces réfugiés ont récemment été refoulés par le gouvernement malaisien, ainsi que par les autorités indonésiennes, qui ont renvoyé des bateaux en mer. « Des cas de bateaux renvoyés au large ont été confirmés », souligne le HCR.
Tout en reconnaissant le droit des États à contrôler leurs frontières et à gérer l’immigration illégale, en particulier face au trafic de migrants, le HCR insiste sur la nécessité d’appréhender ces situations en garantissant le droit des individus à la sécurité.
Un avenir incertain pour les Rohingyas
« Nous urges tous les États à intensifier leurs efforts de recherche et de sauvetage et à garantir que les survivants reçoivent l’assistance et la protection nécessaires », a réaffirmé Mme Jun. Le HCR prévoit une aggravation de la situation au Myanmar, entraînant une augmentation des fuites dans les mois à venir. Une coopération renforcée est essentielle, notamment via l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et le processus de Bali, pour faire face à ces mouvements maritimes irréguliers, tout en répondant aux besoins humanitaires des réfugiés. En outre, il est crucial de combattre les discours de haine et les stéréotypes négatifs entourant les demandeurs d’asile.
En définitive, pour répondre à la crise actuelle des Rohingyas, il est impératif de mettre en place une action collective, tant au niveau international que régional, pour mettre fin aux violences au Myanmar. Cela permettra à ces réfugiés de retourner chez eux en toute sécurité et avec dignité, sous une forme de coopération qui respecte leur humanité.
Notre point de vue
Dans un contexte où des millions de personnes fuient des situations de conflit et de persécution, il devient de plus en plus crucial de repenser notre approche face aux réfugiés. L’accueil et la protection doivent primer sur le contrôle strict des frontières, et chaque vie humaine mérite d’être protégée. Les récits autour des Rohingyas montrent la nécessité de réagir de manière proactive et compassionnelle, plutôt que de céder à la peur et aux préjugés. À cette fin, il est essentiel que les États collaborent pour construire des solutions durables qui favorisent la dignité et le respect des droits humains fondamentaux des personnes en détresse.