Depuis un moment, 16 jeunes rugbymen mahorais nourrissent l’espoir de réaliser un voyage exceptionnel tout droit inspiré par leur entraîneuse, Marine Mazzer. Pour concrétiser cette aventure, une cagnotte a été mise en place, avec un objectif de 50 000 euros, afin de les aider à établir un lien entre le sud-ouest de Mayotte et la métropole française. Cependant, le défi financier n’est qu’une des nombreuses préoccupations à surmonter.
Tout commence dans un lieu inattendu, au cœur d’un centre commercial à Mamoudzou, où les joueurs de l’équipe se sont réunis pour un tournoi. “Nous y étions pour faire une pause gourmande. L’apparition de l’escalator les a fascinés”, raconte Marine Mazzer, trésorière du RC Bouéni et entraîneuse des M16. L’idée d’un voyage mêlant la passion du rugby et la découverte de la France continentale a alors germé, séduisant ces jeunes dont certains n’ont jamais eu l’occasion de quitter leur île natale. “Rien que l’idée de prendre l’avion les enthousiasme”, ajoute-t-elle.
Sur place, ils espèrent rencontrer et jouer avec des équipes locales, notamment celle du Stade Langonnais, qui a généreusement offert des maillots, des shorts et des crampons pour améliorer leurs conditions d’entraînement. L’engouement est palpable parmi les jeunes joueurs mahorais. “Lorsque nous leur avons parlé de ce projet, les réactions étaient contrastées. Certains ont tout de suite été enthousiastes, tandis que d’autres ont eu besoin de réfléchir”, précise Marine Mazzer.
Pour permettre à ce rêve de prendre forme, le RC Bouéni a lancé une cagnotte participative de 20 000 euros. “Nous avons évalué le coût total du projet à environ 50 000 euros, mais ces 20 000 euros nous aideront à couvrir les frais de billets d’avion et de train le plus rapidement possible, avant que les prix n’augmentent trop”, explique Marine, affectée à la gestion des fonds. Le club recherche aussi des subventions pour financer d’autres aspects, comme les logements, la nourriture et les activités sur place. Marine espère réunir cette somme nécessaire d’ici à mai 2025, date de leur départ.
Un autre défi se dresse sur leur chemin : les formalités administratives pour les joueurs n’ayant pas la nationalité française. “Certains d’entre eux sont malgaches ou comoriens. Nous avons donc fait une demande à la préfecture pour obtenir les autorisations nécessaires. Nous espérons vraiment qu’elles nous seront accordées”, ajoute Marine Mazzer. On se remémore les difficultés rencontrées par les 7 joueurs des Diables noirs de Combani, privés d’autorisation pour participer à la coupe de France de football. Malgré ces obstacles, l’enthousiasme de ces jeunes rugbymen montre que le Pays basque pourrait se rapprocher de Mayotte, une réalité à portée de main.
Notre point de vue
La détermination dont font preuve les jeunes rugbymen mahorais et leur entraîneuse mérite d’être saluée. Leur projet va bien au-delà du simple voyage sportif, il incarne une quête d’appartenance et de découverte. En cherchant à établir des liens avec d’autres équipes, ils offrent à la jeunesse mahorais une chance de se projeter vers un avenir où le sport pourrait, potentiellement, devenir un levier de valorisation et d’émancipation. Il est essentiel de soutenir de telles initiatives, car elles ouvrent des horizons et renforcent les géographies humaines, tout en rappelant que chaque petit pas peut mener à de grandes réalisations.