La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a récemment dévoilé un ensemble de nouvelles mesures destinées à alléger le poids des Réglementations sur le secteur agricole, dans un contexte marqué par une montée de la grogne parmi les agriculteurs. Elle a exprimé le ras-le-bol des professionnels face à ce qu’elle appelle les « boulets » qui entravent leur activité. Sous pression, la FNSEA a même appelé à des manifestations les 9 et 10 décembre.
Lors d’une visite sur une exploitation laitière dans le Loiret, Genevard a déclaré : « En cette période de crise et de doutes, je souhaite m’engager à vos côtés ». Elle a souligné qu’il est crucial de rétablir le sens du métier pour les agriculteurs, en insistant sur l’urgence de relancer le dialogue.
Création d’un conseil dédié à la protection des cultures
La ministre a insisté sur l’accumulation de contraintes qui affectent la compétitivité des exploitations. Parmi les initiatives annoncées figure la mise en place d’un « Conseil d’orientation pour la protection des cultures ». Ce conseil, qui sera présidé par la ministre, rassemblera divers acteurs comme les agriculteurs, les instituts de recherche et les entreprises phytosanitaires. L’objectif sera de faire passer en priorité les demandes d’autorisation d’intrants en lien avec les besoins urgents des filières agricoles. Autrement dit, l’Anses, l’Agence de sécurité sanitaire, sera appelée à accélérer le processus d’autorisation pour certains produits jugés indispensables.
Genevard a précisé que l’Anses devait concentrer ses efforts sur les usages orphelins ou mal desservis, avec le soutien des entreprises phytopharmaceutiques qui possèdent l’expertise technique nécessaire. Elle a cependant souligné que la capacité de décision de l’Anses demeurait indépendante et non affectée par des directives politiques. À cet égard, elle a reconnu que le chemin vers une agriculture avec moins de produits phytosanitaires est irréversible, tout en signalant l’urgente nécessité d’une priorisation de certains travaux pour répondre aux besoins des filières en crise.
Des mesures salutaires mais insuffisantes
Les annonces ont été bien accueillies par l’alliance syndicale regroupant la FNSEA et les Jeunes agriculteurs. Ces derniers ont exprimé leur satisfaction d’avoir été entendus et ont salué des mesures jugées essentielles pour retrouver une visibilité dans leur travail. Cependant, ils ont également noté que le chemin vers une simplification véritable est encore long, et ils attendent une mise en œuvre rapide afin que ces annonces se traduisent concrètement dans leur quotidien.
En ce qui concerne l’Office français de la biodiversité (OFB), chargé de l’application des lois environnementales, Annie Genevard a évoqué la nécessité pour ses agents d’assurer leur sécurité lors des contrôles, en leur permettant d’agir avec discrétion sur l’utilisation d’armes. Un projet pilote de port de caméras piéton est également envisagé. Cette mesure vise à apaiser les tensions entre agriculteurs et agents de l’OFB, une situation devenant un irritant majeur dans les relations.
D’autres initiatives comprennent l’émission d’une circulaire aux préfets pour optimiser l’instruction des projets d’élevage, afin de réduire les délais de traitement des dossiers et de favoriser une approche pédagogique des contrôles pour les nouveaux installés.
Notre point de vue
La gestion des interactions entre agriculture et environnement est un défi complexe qui nécessite une écoute attentive et un dialogue constructif entre les différentes parties prenantes. La démarche de la ministre, qui semble viser à alléger le fardeau réglementaire pour les agriculteurs, est certainement appréciable dans ce contexte de crise. Cependant, toute réforme devrait être envisagée avec prudence, en garantissant une protection efficace de la biodiversité et en intégrant les attentes de tous les acteurs concernés. Une approche collaborative et basée sur des données scientifiques solides pourra faciliter cette transition sans compromettre les progrès déjà réalisés en matière de durabilité environnementale.