Éventualité d’une Démission Présidentielle : Une Politique en Suspend
Alors que plusieurs hommes et femmes politiques expriment leur souhait de voir Emmanuel Macron démissionner, cette hypothèse paraît peu réaliste. Le député insoumis Manuel Bompard, cependant, a pris l’initiative de contacter Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, pour explorer les « modalités » d’une éventuelle élection présidentielle anticipée.
Ce mouvement fait écho à de nombreux appels à la démission qui ont retenti ces derniers jours. En plus des requêtes des Insoumis, d’autres figures politiques comme Sébastien Chenu du Rassemblement national ou Jean-François Copé, ancien président de l’UMP, rejoignent cette demande. Même Charles de Courson, rapporteur général du budget à l’Assemblée, réclame le départ du président.
Néanmoins, en dépit de ces pressions, la question d’une démission ne semble pas vraiment envisagée. Lors d’une conférence de presse à l’Élysée, après un revers électoral, Emmanuel Macron avait qualifié ces rumeurs d’« absurdes », insistant sur le fait qu’il souhaitait « tordre le cou à ce canard qui n’existe pas ». Au-delà de cette situation politique, une démission ne mettrait pas forcément fin à la crise actuelle du pays.
Les Implications Constitutionnelles
En théorie, Emmanuel Macron a la possibilité de quitter son mandat. La Constitution ne précise pas cette situation tout en n’y opposant également aucune restriction. Si le président choisit de démissionner, il en informe le Conseil constitutionnel, et la vacance prend effet.
Le fameux article 7 de la Constitution établit un cadre clair concernant les élections anticipées. En cas de démission, celles-ci doivent se dérouler « vingt jours au moins et trente-cinq jours au plus » après le début de la vacance. Pendant ce laps de temps, le président du Sénat, Gérard Larcher, assure les fonctions présidentielles.
Les Débuts d’une Campagne Électorale Intensive
C’est précisément ce point que soulève le courrier de Manuel Bompard à Bruno Retailleau, où il demande des précisions sur « les modalités d’organisation d’une telle élection ». Le député de Marseille, faisant preuve d’anticipation, souligne l’importance de cette question pour les différentes forces politiques.
Comme établi par la loi relative à l’élection présidentielle, la liste des candidats doit être publiée quinze jours au moins avant le premier tour. Pour les candidats, cela implique de rassembler 500 parrainages en un temps réduit, les dossiers devant être déposés auprès du Conseil constitutionnel « au plus tard le troisième mardi précédant le premier tour ». Dans un scénario hypothétique, si une élection était programmée 35 jours après une démission, les candidats ne disposeraient que de deux semaines pour mener leur campagne officielle.
Ce timing serré s’applique aussi à l’administration, ce qui implique la mise en place urgente de plusieurs processus logistiques, de l’impression des affiches à la préparation des bulletins de vote.
Les Candidatures : État des Lieux
Bien que la prochaine élection présidentielle soit prévue pour avril 2027, plusieurs figures politiques se positionnent déjà. Marine Le Pen, identifiée comme « la candidate naturelle » de son parti, le Rassemblement national, pourrait toutefois faire face à une inéligibilité en cas de condamnation dans un procès en cours. Son remplacement serait alors probable par Jordan Bardella.
D’autre part, Edouard Philippe a récemment annoncé sa candidature, surprenant son camp qui peinait à trouver un successeur clair à Emmanuel Macron. Bien que son parti Horizons fasse partie du camp présidentiel, les discussions autour d’un candidat unique continuent de faire débat, d’autres figures comme Gérald Darmanin et Gabriel Attal cherchant également à se profiler.
A gauche, le flou perdure avec aucune déclaration officielle de candidature à ce jour, bien que Jean-Luc Mélenchon semble envisager cette option. Après une campagne conjointe antérieure, l’alliance entre les différents partis de gauche reste à préciser, alors que des tensions émergent.
Notre point de vue
La situation actuelle en France soulève des interrogations cruciales sur l’avenir de la démocratie et la stabilité des institutions. Les députés et responsables politiques qui réclament une démission semblent parfois animés non seulement par des préoccupations démocratiques, mais aussi par des enjeux stratégiques au sein d’autres partis. À ce titre, la manière dont la Constitution encadre une éventuelle vacance du pouvoir mérite réflexion, non pas seulement en termes de procédures administratives, mais aussi sur le fondement de la confiance citoyenne. Les prochaines étapes, qu’il s’agisse d’élections anticipées ou d’une véritable prise de conscience collective, pourraient déterminer la trajectoire politique de notre pays pour les années à venir.