Scénario 1 : La pérennité du gouvernement Bayrou en question
Peu de temps après sa nomination, François Bayrou pourrait-il déjà se retrouver sur la sellette ? Malgré le recyclage de nombreux ministres issus du macronisme et l’absence d’accords de non-censure, le Premier ministre de 73 ans semble s’inscrire dans une continuité politique semblable à celle de son prédécesseur, Michel Barnier. Cependant, son optimisme reste affiché.
« Le premier ministre a évoqué l’existence d’un chemin », a déclaré Sophie Primas, la nouvelle porte-parole du gouvernement, à l’issue du conseil des ministres, le 3 janvier. « Ce chemin passe par des discussions avec toutes les formations politiques, dans un esprit constructif. »
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Cependant, ce « chemin » reste ambigu. Les échanges entre les membres du gouvernement et les groupes parlementaires ont débuté le 30 décembre sans réel élan de coopération de la part de la gauche, qui considère Bayrou comme le symbole du macronisme.
Nous verrons qui est dans l’opposition et qui cherche à protéger Macron.
A. Le Coq
Les Insoumis prennent les devants et préparent une motion de censure, à examiner le 16 janvier, en réponse au discours de politique générale de François Bayrou. « Le gouvernement pourrait faire face à un vote de confiance dès le 16 janvier, » prédit Aurélien Le Coq, député LFI, tout en soulignant l’imminence des revendications de l’opposition.
Quid du soutien des autres formations ? Les Écologistes et les Communistes montrent une volonté d’aller de l’avant, tandis que les Socialistes, plus conciliants, pourraient adopter une approche différente. « Même causes, mêmes effets, » met en garde Arthur Delaporte, porte-parole socialiste, à l’instar de la récente motion de censure contre Michel Barnier.
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Enfin, il est crucial de noter que l’approche de Bayrou, alignée sur le Rassemblement national, pose un défi indirect dans le cadre de la censure du gouvernement. La situation est d’autant plus délicate avec les ambitions présidentielles de Marine Le Pen, qui se montre réticente à fragiliser davantage la structure politique actuelle.
Le gouvernement tombera car son orientation et sa composition incarnent la continuation du macronisme.
B. Lucas
Benjamin Lucas, porte-parole du groupe Écologiste à l’Assemblée, prédit également la chute de ce gouvernement, affirmant que la direction politique actuelle est vouée à l’échec.
Scénario 2 : Bayrou parviendrait à établir un budget
Il semble peu probable que François Bayrou réussisse l’impossible en s’alliant à la gauche, surtout sur des questions aussi aiguës que la réforme des retraites, que le Nouveau Front populaire exige d’abroger. En effet, le gouvernement reste ferme sur sa position initiale sans prévoir de suspension éventuelle de cette réforme qui ne fait pas l’unanimité.
Nous souhaitons des avancées, un dialogue fructueux qui, jusqu’ici, n’a jamais eu lieu.
O. Faure
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, ne cache pas son intransigeance : « Pas de concessions majeures équivalentes à nos attentes, et nous sommes prêts à envisager la censure. »
De son côté, le gouvernement continue de soutenir sa stratégie budgétaire initiale, sans réelle perspective d’ouverture. La Tribune a déjà mis en exergue le besoin de restriction sur d’éventuelles hausses fiscales jugées « très limitées ».
Si la volonté du gouvernement est de passer son budget sans réellement intégrer les préoccupations des oppositions, il risque de se retrouver dans l’obligation de négocier avec le RN, qui a ses propres exigences en matière de politique économique.
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Pour l’instant, François Bayrou a annoncé un projet de loi sur l’immigration. Cela peut lui procurer un certain soutien pour maintenir l’équilibre des forces lors des négociations budgétaires, tout en évitant une motion de censure de la part du RN.
« L’exécutif doit véritablement écouter et considérer les oppositions, car rien ne peut se faire sans prendre en compte la voix de millions de Français, » a insisté Marine Le Pen, sur X, peu après la nomination du gouvernement.
Scénario 3 : La débâcle budgétaire de François Bayrou
Le RN, à l’aise avec la perspective de sanctionner le gouvernement, pourrait choisir de lever une nouvelle fois la censure. Cette option deviendrait toute plausibilité si le budget proposé par Bayrou ne répond pas à leurs attentes, rendant sa position de Premier ministre précaire dès les mois de février ou mars prochains.
Emmanuel Macron devra alors envisager plusieurs scénarios, incluant la nomination d’un Premier ministre de gauche ou une personnalité extérieure sans affiliation partisane pour gérer une transition difficile, qui pourrait mener à une dissolution du gouvernement à l’automne 2025. Même si Macron exclut envisage de nouvelles élections, il possède la capacité d’agir efficacement pour répondre à la crise politique.
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La question demeure sur la capacité de la gauche à se mobiliser, comme la possibilité pour le centre de rassembler un front républicain. Les électeurs, à travers une mobilisation marquée, joueront un rôle déterminant dans la préservation d’un équilibre démocratique, face à l’ascension de l’extrême droite. L’enjeu sera de se départager sur la responsabilité de la situation chaotique actuelle
Scénario 4 : Le référendum, une démarche à haut risque pour Macron
Lors de ses vœux de fin d’année, Emmanuel Macron a suggéré l’idée d’un référendum pour permettre aux Français de se prononcer sur des questions clés. Cette perspective, légèrement floue, soulève des interrogations sur la possibilité de recourir à des conventions citoyennes ou à un référendum à questions multiples.
Il n’y a qu’une solution : la démission ou la destitution du chef de l’État pour dénouer la crise.
G. Amard
Un référendum pourrait finalement se transformer en évaluation de la popularité de Macron. Le chef de l’État pourrait se retrouver affaibli en cas de résultats défavorables. À titre d’exemple, le retrait de Charles de Gaulle suite à son referendum en 1969 témoigne des conséquences d’une telle démarche.
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Cette hypothèse, principalement soutenue par Jean-Luc Mélenchon, pourrait contribuer à un climat de crise dépassant les simples enjeux de gouvernance. « Face à une impasse, seul un changement de leadership semble raisonnable, une conviction que j’entends faire résonner, » souligne Gabriel Amard. Si la situation politique se détériore, on pourrait voir une bataille incertaine se dessiner autour des élections à venir.
Notre point de vue
La situation politique actuelle, marquée par l’instabilité au sein du gouvernement, reflète non seulement la complexité de la cohésion entre les différentes forces politiques, mais également la défiance grandissante des citoyens vis-à-vis de l’exécutif. Il est essentiel que l’écoute et l’empathie soient au cœur de l’action politique pour éviter une éventuelle radicalisation du débat public. Un gouvernement efficace doit saisir l’opportunité de dialoguer franchement avec les diverses parties, intégrant ainsi les aspirations d’une population souvent en quête d’authenticité dans la représentation politique.
Ce n’est même plus du jeu d’échec à ce niveau de scenario & contre-scenario, c’est carrément du jeu de go !