“Le début de l’année 2025 en Autriche ressemble étrangement aux précédentes”, constate l’hebdomadaire allemand Die Zeit, désignant une situation politique inquiétante.

Samedi 4 janvier, le chancelier conservateur autrichien, Karl Nehammer, a intrigué l’opinion publique en déclarant son intention de démissionner de ses fonctions de chancelier et de président de son parti “dans les jours qui viennent”, à la suite de l’échec des discussions avec les sociaux-démocrates pour former un nouveau gouvernement.

Depuis les élections législatives du 29 septembre, où l’extrême droite a été couronnée, le Parti populaire autrichien (ÖVP) s’était engagé dans des pourparlers tripartites avec le SPÖ de centre-gauche et le parti libéral Neos, dans l’espoir de barrer la route à l’extrême droite.

Selon Die Zeit, “48 heures ont suffi pour bouleverser la situation à Vienne”. La première surprise est survenue vendredi matin lorsque le parti libéral Neos s’est retiré des négociations de coalition, suivi, moins de deux jours plus tard, par les deux autres partis qui ont également décidé de se séparer.

Dans ses déclarations sur X, Karl Nehammer a souligné que “l’accord avec le SPÖ est impossible sur des questions clés”, entraînant ainsi l’arrêt des négociations. Les principaux points de frictions mentionnés par les médias autrichiens incluent l’impôt sur la fortune, les droits de succession, les retraites, ainsi que des désaccords sur la gestion du déficit budgétaire.

“L’ÖVP et le SPÖ ont compromis l’avenir du pays”

“L’Autriche fait face à une crise politique profonde”, déclare Petra Stuiber, journaliste pour le quotidien autrichien Der Standard. “Il est clair que l’ÖVP et le SPÖ ont mis à mal le projet de redressement national. Ils ont échoué à offrir à la population une vision d’avenir sereine et à éclaircir la voie vers la prospérité sans bouleversements sociaux.”

“Cet échec était prévisible”, appuie Kurier dans un éditorial. Selon le quotidien, “les acteurs des deux partis” n’ont pas réussi à faire valoir leurs positions lors des négociations de coalition. Quant à “certains partenaires sociaux”, ils n’ont pas réussi à établir un consensus solide autour de la table des pourparlers.

La montée de l’extrême droite

Pour Politico, “l’échec des pourparlers va renforcer le Parti de la liberté (FPÖ), qui a connu un regain de popularité lors des dernières élections, mais n’a pas réussi à former un gouvernement suite à la réticence des autres partis.”

Herbert Kickl, le leader de l’extrême droite, a tout récemment qualifié de “losers” les partis impliqués dans les négociations de coalition, affirmant que, “au lieu de stabilité, nous avons le chaos” après trois mois de pourparlers infructueux.

Ce retournement de situation pourrait être à l’avantage du FPÖ. Si les conservateurs de l’ÖVP choisissent de former un gouvernement avec eux, Kickl pourrait prétendre à la chancellerie. Si cela ne se produit pas, de nouvelles élections pourraient être nécessaires. Selon Die Zeit, un nouveau scrutin est “une option”, même si tous les partis, excepté le FPÖ, souhaitent éviter un nouveau cycle électoral, notamment l’ÖVP qui se retrouve sans véritable leader. Actuellement, l’extrême droite bénéficie de 35 % d’intention de vote dans les sondages.

Notre point de vue

La situation politique en Autriche soulève des interrogations quant à la capacité des partis traditionnels à s’adapter aux nouvelles réalités. La prévalence de l’extrême droite montre une fracture au sein de la société, une inquiétude qui mériterait une attention particulière. Les négociations avortées et l’absence de vision claire constituent un signal d’alarme sur la nécessité d’un dialogue renouvelé qui inclut toutes les voix, même celles qui sont habituellement marginalisées. L’urgence d’un véritable débat démocratique indique que l’avenir demande bien plus qu’un simple retour à la normale.



Votez pour cet post

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *