Le premier adjoint au maire d’Alès, qui est également président d’Alès Agglo, présente un panorama des enjeux pour l’année 2025, englobant des thématiques cruciales comme le budget, l’avenir de l’abattoir et les projets des halles de l’Abbaye.
Comment la situation politique actuelle, notamment le basculement entre les gouvernements de Michel Barnier et François Bayrou, influence-t-elle le calendrier du vote du budget d’Alès Agglo ?
En règle générale, nous votons le budget juste avant la date limite, lorsque toutes les données sont disponibles. Cette année, cela se passera probablement entre fin mars et début avril, surtout face à l’incertitude d’une loi de finances qui n’est pas encore adoptée. Voter un budget sans visibilité sur l’avenir semble peu judicieux.
En cas de réglementation fédérale imposant des économies aux collectivités locales, quelles conséquences cela aurait-il pour Alès Agglo ? Quels secteurs seraient les plus touchés ?
Des coupes dans toutes les dépenses jugées “non essentielles” seront nécessaires, bien qu’elles soient importantes à mes yeux. Nous ne pouvons pas réduire les effectifs ou diminuer les salaires, ni même réduire certaines contributions comme celles pour le Sdis (sapeurs-pompiers). Dans les budgets locaux, environ 20 % des dépenses peuvent être réévaluées. Cela peut inclure les crèches, les centres de loisirs ou le conservatoire de musique. Néanmoins, en tant que société, fermer ce type de structures n’est pas envisageable.
Notre marge de manœuvre sera limitée, avec potentiellement une réduction de notre épargne nette, ce qui affectera directement nos investissements et augmenterait notre endettement. Les décisions prises à Bercy semblent négliger leurs impacts à long terme… Penser que les collectivités locales sont responsables de la dette nationale est une vision trompeuse : nous gérons déjà notre propre dette.
Un changement de leadership imminent ?
Max Roustan, maire d’Alès depuis 1995, entame en 2025 une troisième décennie de mandat. Son anniversaire sera célébré le 22 février lors d’une grande fête populaire, organisée par Christophe Rivenq. En vue des prochaines élections municipales en 2026, des discussions entourent un éventuel transfert de pouvoir avec son premier adjoint, prévu pour avril. “Max Roustan tient ses promesses quand il fait une annonce”, ajoute Rivenq, tout en choisissant de ne pas anticiper d’autres déclarations.
Un budget restreint pourrait-il entraîner des retards dans les projets développés par l’Agglo ?
Les engagements gouvernementaux doivent être respectés, bien que nous nous attendions à une baisse significative des aides dans plusieurs domaines. À Alès, nous avons la “chance” d’avoir constitué un fonds de roulement durant les meilleures périodes, ce qui nous permettrait de faire face aux manques de financement pour une, deux, voire trois années, sans augmenter les impôts. En moyenne, le coût annuel par habitant à Alès est de 830 €, bien en dessous de nombreuses autres villes comparables puisqu’elles peuvent aller jusqu’à 4 300 €.
Peut-on s’attendre à des annulations de festivités en raison de ces restrictions budgétaires ?
Pour l’instant, nous restons engagés à maintenir toutes les festivités, mais il sera crucial d’apporter des économies là où c’est réalisable. C’est un piste intéressante de réévaluation.
Concernant la cérémonie annuelle des vœux, vous avez décidé de la maintenir malgré les économies effectuées ailleurs. Pourquoi ce choix ?
J’ai réfléchi à cette décision, qui aurait pu nous faire économiser du temps et des ressources. Cependant, cette cérémonie, qui se tiendra dans un espace qui nous appartient, sera présentée de manière plus sobre que les années précédentes. Nous nous efforçons de soutenir notre viticulture locale, durement touchée, en continuant à faire appel à des vins locaux pour cet événement. C’est aussi un moment essentiel de rencontre avec les habitants et de partage, et sa suppression n’aurait pas été logique.
L’abattoir, sujet prioritaire en ce début d’année, est en liquidation depuis le 15 janvier, en vue d’une nouvelle gestion.
Parlez-nous de l’avenir de l’abattoir. Quelles sont vos attentes face aux évolutions prévues ?
Les finalités de la liquidation doivent être achevées prochainement. Nous espérons que cette structure sera reprise par un groupe privé, dirigé par Olivier Roux, déjà en charge d’autres opérations similaires. Je reste optimiste : nous avons eu des échanges encourageants avec des candidats potentiels qui semblent prêts à relever ce défi. Bien sûr, cela impliquera des changements de tarifs qui seront gérés par le futur exploitant. Quant aux employés actuels, la majorité sera malheureusement concernée par des licenciements économiques, bien que quelques-uns soient disposés à poursuivre l’aventure.
Certains agriculteurs s’inquiètent de la faisabilité de l’abattage dans la nouvelle configuration. Qu’en est-il ?
Actuellement, Olivier Roux souhaite maximiser l’efficacité opérationnelle, se concentrant sur le secteur bovin. Cependant, il reste conscient de la diversité des besoins locaux, y compris l’abattage halal, qu’il envisage de considérer dans ses plans de développement.
Les halles de l’Abbaye représentent un projet emblématique pour Alès.
Concernant l’urbanisme, l’achèvement des nouvelles halles de l’Abbaye est sans doute l’un des temps forts à venir. Quelles sont vos réflexions sur ce projet ?
Effectivement, les nouvelles halles sont un projet phare pour Alès, marquant une continuité des États généraux du cœur de ville. Toutefois, les coûts, notamment avec le réaménagement du parking sous ces halles, sont plus élevés que prévu. Bien que l’on constate un regain d’intérêt pour les nouveaux marchés dans d’autres villes, il nous faut être réalistes : pour ouvrir dans les délais, l’environnement immédiat des halles ne sera pas entièrement prêt à leur inauguration, même si l’entrée principale sera finalisée face à la cathédrale.
Notre point de vue
La situation budgétaire d’Alès Agglo met en évidence les défis structurels auxquels de nombreuses collectivités doivent faire face. Alors que les restrictions financières se multiplient, il est impératif de redéfinir les priorités publiques sans sacrifier les services essentiels pour les citoyens. Ce moment de crise devrait également susciter des réflexions sur l’efficacité des financements alloués et l’importance d’une gouvernance responsable et éclairée. Dans ce contexte, maintenir un dialogue ouvert avec la population pourrait permettre de trouver des alternatives créatives pour naviguer entre contraintes budgétaires et besoins locaux.
Article original rédigé par : Prénom Nom.