Les partisans et détracteurs de M. Yoon se sont regroupés dans les rues de la capitale, chacun exprimant des revendications opposées : d’un côté, l’appel à son arrestation ; de l’autre, la demande pour l’annulation de sa destitution, votée par l’Assemblée nationale.

Si Yoon venait à être destitué au profit de Lee Jae-myung, le leader de l’opposition, notre pays courrait un risque de +communisation+ et d’assimilation par la Corée du Nord (…). Je ne peux pas rester inactif, a déclaré à l’AFP Jang Young-hoon, un jeune soutien de Yoon âgé de 30 ans.

En réponse, le principal syndicat coréen, la KCTU, a tenté de marcher vers la résidence de Yoon Suk Yeol, mais a été empêché par les forces de l’ordre, ce qui a conduit à quelques arrestations et blessés.

La veille, des militaires et des agents de sécurité avaient bloqué les enquêteurs qui s’étaient présentés chez l’ancien procureur général en vue de son arrestation, ce qui avait entraîné l’annulation de l’opération, après des heures de tensions et de négociations infructueuses.

Une telle arrestation serait une première dans l’histoire, M. Yoon étant officiellement président et attendant la décision de la Cour constitutionnelle sur sa destitution intervenue le 14 décembre.

Depuis qu’il a été suspendu, il reste confiné chez lui, accusé d’avoir mis en danger la démocratie sud-coréenne en déclarant une loi martiale surprise au cours de la nuit du 3 au 4 décembre, un acte qui rappelle l’ère des dictatures militaires.

– Un soutien de choix requis –

Malgré un environnement parlementaire sous surveillance, un nombre suffisant de députés a pu voter pour lever l’état d’exception. Sous la pression des manifestations et des obligations constitutionnelles, M. Yoon a été contraint de révoquer sa proclamation quelques heures après l’avoir annoncée.

Le président démis est visé par plusieurs enquêtes, dont une pour rébellion, un acte qui pourrait théoriquement entraîner la peine de mort.

Vendredi, alors que les enquêteurs disposaient d’un mandat, leur intervention a échoué en raison de l’opposition de près de 200 soldats et agents de sécurité, les forçant à rebrousser chemin les mains vides.

Les agents du Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités sud-coréen quittent la résidence du président déchu Yoon Suk Yeol à Séoul après avoir tenté sans succès de l'arrêter, le 3 janvier 2025

Les agents du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités sud-coréen quittent la résidence du président déchu Yoon Suk Yeol à Séoul après avoir tenté sans succès de l’arrêter, le 3 janvier 2025

© / afp.com/JUNG Yeon-je

Des affrontements mineurs ont eu lieu entre les deux camps, a rapporté un responsable du Bureau d’enquête sur la corruption des personnalités influentes.

Les enquêteurs disposent d’un délai jusqu’à lundi pour exécuter le mandat d’arrêt destiné à obliger M. Yoon à répondre aux accusations de tentative d’instaurer la loi martiale.

Il s’agit déjà d’une première pour un président en exercice en Corée du Sud.

Si le mandat expire sans être appliqué, les enquêteurs pourront en formuler un nouveau.

Des demandes ont également été faites au président intérimaire Choi Sang-mok pour qu’il soutienne le mandat actuel, selon un communiqué diffusé samedi.

– Procès constitutionnel prévu le 14 janvier –

La Cour constitutionnelle ouvrira le procès en destitution de Yoon Suk Yeol le 14 janvier, et le jugement sera rendu quel que soit son apport. La décision finale devrait être prononcée d’ici mi-juin.

Yoon a jusqu’ici ignoré toutes les convocations liées à son coup de force, et ses gardes ont régulièrement entravé des perquisitions, bien que celles-ci soient appuyées par des mandats.

Samedi, deux de ses responsables de sécurité ont refusé de comparaître devant la police, invoquant la gravité de leur mission.

Les avocats de M. Yoon dénoncent une tentative d’arrestation illégale et annoncent leur intention de contester cette action.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol annonce la loi martiale lors d'une allocution télévisée, le 3 décembre 2024

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol annonce la loi martiale lors d’une allocution télévisée, le 3 décembre 2024

© / afp.com/Handout

Malgré le chaos politique engendré par sa décision initiale, M. Yoon soutient fermement son choix, tout en soulignant les dangers qu’il identifie pour la Corée du Sud. Dans une lettre adressée à ses partisans, il a réitéré sa détermination à lutter jusqu’au bout.

Alors que la situation demeure tendue, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est prévu pour visiter le pays lundi afin de réaffirmer l’engagement indéfectible entre Washington et Séoul, en lien avec les troubles actuels et la menace persistante de la Corée du Nord.

Les discussions devraient porter sur la situation actuelle ainsi que sur les défis sécuritaires liés à la région.

Notre point de vue

Ce tournant politique en Corée du Sud souligne les tensions profondes et les enjeux auxquels est confrontée la démocratie. La situation du président Yoon met en lumière les défis institutionnels et sociaux que doit affronter une nation en quête d’un équilibre entre engagement politique et stabilité. La mobilisation des citoyens autour de cette question démontre la nécessité d’un dialogue ouvert et constructif, et rappelle combien il est essentiel d’assurer la transparence et la responsabilité dans les sphères du pouvoir. En nous penchant sur ces événements, nous devons donc réfléchir à l’importance d’une démocratie vivante qui s’enrichit du débat public et des différentes visions de l’avenir, sans céder à l’extrémisme.


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