Les sociétés qui gèrent les autoroutes vont devoir débloquer des fonds importants. L’Autorité de régulation des transports (ART) évalue à plus de 10 milliards d’euros les investissements indispensables pour garantir que les autoroutes soient en bon état d’ici la conclusion des concessions, prévue entre 2031 et 2036.

Ce défi est présenté comme un « chantier inédit et complexe » par l’ART, dans un rapport rendu public le 30 novembre 2024, qui soulève des questions essentielles sur l’avenir des concessions autoroutières.

Vers des travaux nécessaires à la fin des concessions

Comment garantir que les entreprises ne ralentissent pas leurs investissements à l’approche de la fin de leurs contrats, délaissant ainsi les problèmes à leurs successeurs ? L’ART insiste sur la nécessité de clarifier les obligations à la fin des contrats, car ceux-ci restent « incomplets », ne définissant pas précisément ce qu’implique un « bon état de l’autoroute à sa restitution ». L’ambiguïté des engagements d’investissement est également soulignée.

Bien que l’ART formule des recommandations, c’est finalement à l’État de prendre les décisions importantes. Selon l’autorité, l’état des autoroutes concédées est « objectivement bon », avec des infrastructures telles que tunnels et ponts en meilleur état que celles des routes non concédées.

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L’ART affirme que le modèle de concession n’est pas remis en question. Ce système est jugé « efficace, où l’usager est le payeur », favorisant des investissements significatifs et un entretien de qualité.

Durée des contrats à repenser

Cependant, la proximité de la fin des contrats des sept principales concessions, qui représentent plus de 90 % des autoroutes concédées, pose de nouveaux défis. Actuellement, ces concessions, gérées par Vinci, Abertis et Eiffage, varient de 65 à 74 ans après plusieurs prolongations.

Thierry Guimbaud, président de l’ART, recommande une réduction de cette durée à « 15 à 20 ans », comme l’a souligné un récent entretien. La première concession à arriver à échéance sera celle de la Sanef, fin 2031. Avant cette échéance, l’État doit notifier un « programme d’entretien » au concessionnaire, qui a l’obligation de l’exécuter dans les cinq dernières années de son contrat.

Actuellement, les entreprises d’autoroutes investissent environ 800 millions d’euros par an dans l’entretien, mais elles devront débourser quatre milliards d’euros au cours des cinq dernières années de leurs contrats selon les prévisions de l’ART.

Des investissements à prévoir

Par ailleurs, l’ART estime qu’un effort supplémentaire de 1,2 milliard d’euros est nécessaire pour l’entretien des chaussées et ouvrages d’art. Bien que ces infrastructures ne soient pas dangereuses aujourd’hui, elles pourraient devenir problématiques à long terme, nécessitant des travaux coûteux après la fin des contrats.

Cette analyse a été ajustée à la suite des remarques des sociétés d’autoroute. De plus, l’ART note que certains investissements prometteurs, comme l’élargissement des voies, n’ont pas été exécutés. Bien que ces projets ne soient plus équilibrés compte tenu du trafic actuel, le coût des péages reste aligné sur leur financement initial, permettant ainsi d’explorer d’autres types d’investissements tels que des aires de covoiturage.

Interrogé sur l’avenir du système autoroutier et la possibilité d’une réduction des péages à l’expiration des contrats, Thierry Guimbaud met en garde contre les conséquences éventuelles sur l’usage des routes au détriment du ferroviaire. Il propose aussi que certains revenus des péages contribuent à financer le rail.

Notre point de vue

Au-delà des chiffres et des préconisations, il est essentiel de se demander comment renforcer l’engagement des concessionnaires en matière d’entretien et d’investissement. Les relations entre les usagers, l’État et les sociétés concessionnaires doivent être repensées, en intégrant davantage les attentes citoyennes en matière de mobilité durable. L’évaluation des contrats et de leur exécution doit aller au-delà de la performance économique pour embrasser des considérations écologiques et sociales. Un renforcement des mécanismes de régulation et de contrôle pourrait ainsi permettre d’assurer un avenir plus clair et équilibré pour les autoroutes françaises, tout en répondant aux défis environnementaux actuels.



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