Raphaël Lardeur
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Depuis mai 2022, Pierre-François Prioux est à la tête de la chasse à courre, en tant que nouveau président de la Société de vènerie. Son défi ? Réhabiliter l’image de cette pratique ancestrale, souvent perçue de manière négative, en ouvrant ses portes à la conversation et à la compréhension.
Face à une opposition croissante de militants anti-chasse, armés de caméras pour documenter leurs actions, il souhaite agir en transparence. « Ouvrir » le dialogue et « ancrer la vènerie dans le XXIe siècle » est son objectif avoué.
Ancien professeur d’histoire-géographie, il a fondé son propre équipage, le Rallye Tempête, un hommage à un de ses chiens. Il parcourt aujourd’hui la France, cherchant à renouveler cette pratique dont les origines remontent à des siècles. Interview.
Actu : Qu’est-ce qui vous passionne dans la chasse à courre aujourd’hui ?
Pierre-François Prioux : Cette pratique est moderne, respectueuse de l’écologie et s’implante bien dans le contexte actuel. Elle contribue à préserver les espaces forestiers face à une urbanisation croissante. De plus, la chasse à courre permet aux animaux de conserver leurs comportements naturels. J’apprécie particulièrement le spectacle de mes chiens à l’œuvre. C’est un formidable vecteur de rencontres humaines en plein cœur de la nature.
La chasse à courre est souvent considérée comme élitiste, cruelle et désuète. Pourquoi ?
P-F. P. : Ce stéréotype d’élitisme date d’une époque révolue. Si cela était vrai au XIXe siècle, la chasse à courre s’est largement ouverte depuis. Aujourd’hui, elle rassemble des personnes de tous horizons, et beaucoup ne viennent pas du monde bourgeois. La cruauté n’a pas sa place ici. Nos chiens chassent en respectant un équilibre naturel. Quant à l’idée de désuétude, la popularité de la vènerie n’a jamais été aussi forte. Nous devons même refuser de nouveaux équipages ne respectant pas nos critères de qualité.
Les militants anti-chasse vous observent en permanence. Quelle est votre réaction ?
P-F. P. : Il est essentiel de favoriser le dialogue. Je ressens de la tristesse face à cette polarisation. Nous, chasseurs à courre, venons de tous les milieux sociaux. J’encourage ceux qui s’opposent à nous à venir sur le terrain pour mieux comprendre notre passion.
Craigniez-vous une interdiction de la vènerie ?
P-F. P. : Il existe actuellement 1 100 équipages dans le monde, dont 350 en France, répartis sur plusieurs continents. Il est important de se rappeler qu’il existe des précédents historiques où la vènerie a été interdite, souvent pour des raisons politiques discutables. Si cela devait se reproduire, cela menacerait l’ensemble de la chasse, ce qui soulève des questions sur qui prend en charge la faune sauvage.
Notre point de vue
Dans le débat actuel sur la chasse à courre, il est essentiel d’adopter une approche nuancée. Si cette pratique soulève des inquiétudes bien légitimes, il convient aussi de reconnaître la nécessité d’un dialogue constructif. En permettant l’échange entre opposants et partisans, nous pourrions peut-être percer les malentendus qui entourent cette tradition. Il serait judicieux de questionner non seulement les pratiques actuelles, mais aussi les enjeux écologiques et sociétaux qui les sous-tendent, car c’est en dialoguant que l’on peut espérer trouver des solutions communes pour l’avenir de la faune et de nos espaces naturels.