La Société de la Tour Eiffel a récemment annoncé une augmentation de capital de 600 millions d’euros, une initiative qui suscite des controverses au sein des actionnaires minoritaires. Ce collectif, représenté par MAB Finances, s’est exprimé dans un communiqué, dénonçant une démarche précipitée et arguant qu’aucune signalisation dans la communication financière de la société n’indiquait une détérioration aussi soudaine et significative de sa santé financière. Dans le cadre d’un échange, Christel Zordan, directrice générale, ainsi que Franck Lutz, directeur administratif et financier, fournissent des éclaircissements face à ces accusations.

**Christel Zordan**, en tant que DG, justifie la nécessité de cette augmentation de capital engagée le 18 décembre. Selon elle, cette décision était cruciale à la suite de la suspension des dividendes et des échéances à venir de leurs engagements financiers. Elle rappelle que cette situation critique avait été soumise à l’attention depuis plus de 18 mois, notamment lors d’une réunion de juillet, et qu’elle requérait une réponse adéquate pour préserver la continuité des opérations de l’entreprise. Ce collectif d’actionnaires, comprenant de réputés professionnels de l’immobilier, sait pertinemment combien ces enjeux sont importants.

**Franck Lutz**, pour sa part, explique que cette opération de 600 millions d’euros se décline en deux volets. Le premier vise 420 millions d’euros pour assurer la continuité des opérations, réduire la dette et optimiser le ratio ICR (Excédent brut d’exploitation sur frais financiers), qui doit rester au-dessus de 2 pour éviter que les 800 millions d’euros d’endettement deviennent exigibles. Lutz souligne que le remboursement des swaps à -0,5 % en 2024 entraînerait, sans cette opération, une augmentation notable des frais financiers, plongeant l’ICR en dessous de la barre critique. Bien qu’il admette que le niveau cible d’un ICR de 2,4x demeure inférieur aux standards du secteur, il se veut rassurant quant à la flexibilité que cela procurerait à moyen terme.

Le second volet de l’opération s’intéresse au remboursement de 180 millions d’euros liés aux Titres subordonnés à durée indéterminée donc le coupon passerait d’un taux modéré de 4,5 % à 9,5 % sans intervention. Cette démarche est présentée comme une manière d’aligner les intérêts de tous les acteurs impliqués.

Concernant la rapidité d’exécution de cette levée de fonds, Zordan précise que le besoin avait été manifesté depuis mars 2023 lors des réunions d’analystes, ce qui a permis à ce collectif d’évaluateurs d’emboîter le pas. Cependant, le cadre exact des modalités n’a pu être partagé qu’après la validation par le Conseil. Les détails ont été communiqués aux actionnaires dès qu’ils ont pu être clarifiés.

Enfin, on s’interroge sur l’absence de propositions de rachat pour les actionnaires minoritaires. Lutz indique qu’un retrait public aurait simplement transféré 300 millions d’euros de fonds d’une poche à une autre sans résoudre les préoccupations d’endettement en cours.

Notre point de vue

L’augmentation de capital de la Société de la Tour Eiffel soulève des questions critiques sur la transparence et la communication entre la direction de l’entreprise et ses actionnaires. Dans un environnement financier incertain, il est impératif que les actions d’une société soient accompagnées d’une justification claire et accessible, particulièrement en ce qui concerne les besoins de financement. Le dialogue ouvert et sincère avec toutes les parties prenantes pourrait favoriser une atmosphère de confiance mutuelle, essentielle pour surmonter les défis financiers. L’interaction entre les grands investisseurs et la direction pourrait aussi bénéficier d’une structure formelle plus rigoureuse, garantissant ainsi que tous les acteurs concernés soient intégrés dans le processus décisionnel.



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