Elites au Cameroun

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Cet article est le premier de notre Focus « Que devons nous attendre de nos élites et nos élus au Cameroun ? »

Une élite est un « Groupe minoritaire de personnes ayant dans une société, une place éminente due à certaines qualités valorisées socialement : élite intellectuelle. Le poids social des élites ». Cette définition est issue du dictionnaire Larousse et je pense qu’elle correspond à une base assez solide et générale de l’idée qu’on peut se faire de cette notion.

L’élite est très souvent associée à un attribut intellectuel dans l’imaginaire collectif, ce qui peut en faire le garant de la pensée, d’une réflexion poussée sur diverses problématiques sociétales, d’une façon de voir et d’imaginer la société dans laquelle nous vivons. Il est donc naturellement remis entre les mains de l’élite la lourde tâche de mener à bien les débats sur les sujets importants : la culture, l’éducation, l’économie et bien d’autres. Cette élite-là provient de tous bords : journalistes, écrivains, professeurs, polémistes, philosophes et divers intellectuels.

Mais l’élite ce n’est pas que cela. L’élite est aussi majoritairement, considérée comme politique. Des hommes et des femmes qui soit par le biais d’un mandat électoral (aboutissement d’un processus de vote par le peuple), soit par celui d’une nomination directe à un poste au sein d’un gouvernement, élaborent et mettent en œuvre des politiques diverses dans le cadre de leurs fonctions. Ils sont donc dépositaires d’une responsabilité envers le peuple et les institutions.

Il n’existe pas une élite mais des élites qui doivent travailler dans le sens du bien collectif.

Nous pourrons difficilement nous accorder sur la notion d’élite et sur ce qu’elle représente. D’un point du monde à un autre, mon expérience de lecteur avide de savoir ce qui se passe ailleurs me fait comprendre que les modèles érigés dans un contexte précis ne sont pas nécessairement les mêmes dans un autre. Alors, lorsqu’on me demande à moi, citoyen camerounais et du monde, ce que devraient être nos élites, quelles devraient être leurs attribution, je ne peux contribuer qu’en mettant en exergue ce qui découle de mon vécu ou de mes lectures.

A vivre dans des sociétés différentes ou simplement à les suivre, on en vient à se rendre compte que les besoins et les attentes du peuple vis-à-vis de l’élite, varient d’un point à l’autre. Là où on attendra d’elle un véritable impact sur les sujets de société, on en attendra plus de l’élite ailleurs. On attendra qu’elle influe sur l’économie par exemple. Dans des pays dits développés où on parlera d’évolution des mœurs, l’élite aura la responsabilité d’accorder à certains des droits qui jusque-là leur étaient refusés.  Ailleurs, on attendra de l’élite qu’elle réfléchisse sur des besoins plus pratiques et pragmatiques pour le peuple : augmenter son pouvoir d’achat, veiller à renforcer l’éducation de la jeunesse, mettre en place des systèmes d’amélioration de l’appareil scolaire par exemple.

Les élites sont dépositaires d’une responsabilité envers le peuple et les institutions.

Là où on n’attendra pas de l’élite politique une rigueur plus qu’affirmée, ailleurs on s’attardera sur une « ultra » moralisation de la politique, comme c’est le cas dans les pays scandinaves, et le sera peut-être dans les années à venir dans des pays comme la France, où scandale politique après scandale politique, les élites doivent de plus en plus rendre compte.

Il n’est plus rare d’entendre parler de moralisation de la vie politique. Cette tendance d’ailleurs n’est pas propre qu’à la France, mais tend à se généraliser dans d’autres pays où il y a quelques années encore, il était donné un blanc-seing aux hommes politiques. Ce chèque en blanc leur est aujourd’hui refusé. Un des cas les plus retentissants est celui du Brésil où, après la chute de la Présidente Dilma Roussef accusée de corruption, le nouveau président Michel Temer  a été pris dans un tourbillon aux contours de corruption.

Il n’existe pas une élite mais des élites qui doivent travailler dans le sens du bien collectif. Les élites doivent également constituer une chaîne dont chacun est un maillon fort, soutenant celui qui le précède ou le suit, de telle sorte que le bien collectif soit sécurisé et assuré. En cela, les politiques devraient s’inspirer et, pourquoi pas, travailler main dans la main avec les intellectuels, écrivains ou polémistes issus de la société civile.

Nous devons pouvoir compter sur l’élite pour résoudre au mieux les problèmes posés dans la société actuelle.

Si nous reconnaissons que nul n’a la science infuse, pas même un groupe d’individus aussi intelligent fut-il, alors nous conviendrons que la somme d’individus issus de cercles différents et motivés par un intérêt commun, celui du peuple, peut arriver à des résultats plus que positifs. Ce qu’on est en droit d’attendre de l’élite c’est de constituer un mécanisme efficace, formé d’une tête pensante et de mains actives.

C’est de pouvoir compter sur elle pour résoudre au mieux les problèmes posés dans la société actuelle, bien sûr, en tenant compte des réalités propres aux contextes. C’est d’être un guide (ou des guides), non pour mener à la baguette un peuple qui a opéré envers lui un transfert de confiance, mais qui doit légitimement reposer sur lui pour ce qui est de préserver par tous moyens, ses meilleurs intérêts.

Photo : Le Magazine de l’Afrique

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