J’écoutais ce matin des podcasts sur l’application de la chaîne de radio RFI et je suis tombée sur celui du 29 décembre 2015 d’Yvan Amar à propos des “femmes de réconfort”.
70 ans après la deuxième guerre mondiale, un accord a été conclu pour régler le problème entre la Corée du Sud et le Japon à propos des femmes de réconfort.
Il a fallu 70 ans aux Japonais pour reconnaitre qu’ils ont enrôlé de force plus de 200 000 femmes dans des établissements de commerce sexuel et qu’ils les ont obligées à se prostituer. Les regrets exprimés après le décès de nombre d’entre elles et la compensation financière promise (1 milliard de yens, soit 7,5 millions d’euros) n’effaceront ni l’insulte, ni le traumatisme vécu par ces femmes et leur famille.
Mon attention a été particulièrement attirée par la désignation de ces personnes violées (enrôlées de force, donc violées !) au quotidien. Femmes de réconfort. Elles étaient utilisées pour “réconforter” les soldats certainement en mal de tendresse. La chosification de la femme est un sujet battu et rebattu, nous ne nous attarderons donc pas dessus. Ce qui nous intéresse ici c’est l’embellissement du concept.
Dans son podcast, Amar soulève le fait que lorsqu’il est question de prostitution, qu’elle soit forcée ou non, les femmes sont désignées à travers le monde du point de vue masculin. Elles semblent n’exister que par rapport à la perception et à la présence de l’homme. C’est ainsi qu’en France on a des “filles de joie” dont le rôle est de faire la “joie” de l’homme. Le Japon a connu les Geisha, ou “femmes de l’art”, qui étaient réputées pour leur maitrise des instruments musicaux et de la danse (l’acte charnel n’étant quasiment jamais mentionné) et servaient de distraction pendant les soirées.
Les Américains ont des excort-girls qui sont de belles jeunes femmes qui “accompagnent” les hommes. Au Cameroun, l’ethnie Ewondo les appelle ma bô ya, qui signifie littéralement “Je vais faire comment ?”, ou, plus clairement, “Je n’ai pas trouvé mieux ailleurs”. Lorsqu’on remonte plus loin dans l’histoire, les prostituées étaient appelées des courtisanes : les hommes tombaient sous leur charme.
Ce podcast m’a fait réaliser que quelque soit l’époque ou le pays, lorsqu’il s’agit de sexe, la femme n’existe que par rapport à son utilité pour l’homme. Bien qu’il désigne un métier, le mot “prostituée” est rarement utilisé. Il ne s’agit que de l’homme : il est réconforté, satisfait, séduit, accompagné, ou il comble un vide.
Photo: www.45enord.ca
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Leyopar
Article édifiant. Va il permet de regarder la réalité en face et de réaliser que malgré tous les beaux mots et les non dits poétiques et politiquement correct la vérité est que c’étaient des femmes assujetties au bon vouloir des hommes.
Au delà de ça la femme reste cette femme vitrine que l’on reluque et dont on dispose à sa guise…