Une réunion singulière a eu lieu jeudi 28 novembre, réunissant les maires de Charente-Maritime. Après une discussion autour du budget pour 2025, ils ont été accueillis par un comité de soutien atypique, composé de trois tracteurs et d’un nombre conséquent d’agriculteurs. En toile de fond, les panneaux de leur commune, retirés lors des précédentes mobilisations, étaient affichés, témoignant du climat de tension. Cet accueil n’avait pourtant rien d’imprévu, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ayant orchestré cet événement en collaboration avec l’Association des Maires de France.

Un échange constructif entre élus et agriculteurs

« Cette rencontre avait pour but de rassembler tous les maires et de leur restituer leurs panneaux », déclare Kevin Dumont, président des Jeunes Agriculteurs de Charente-Maritime, « tout en leur faisant part du malaise dans le monde rural ». La tenue de cette réunion au Conseil départemental avait également une visée importante : démontrer à l’« État » que « maires et agriculteurs sont unis » et que l’« équilibre du monde rural est menacé ».

Du côté des élus, cette démarche est accueillie avec bienveillance, favorisant des échanges apaisés. Chantal Subra, maire de Salles-sur-Mer, souligne : « Il me tenait à cœur d’être solidaire des agriculteurs », tout en appréciant le retour de son panneau. « Retirer ces panneaux n’est pas une chose agréable, mais je suis contente qu’ils soient en bon état », sourit-elle. « Cela témoigne d’une intention positive », conclut l’élue.

À ses côtés, Anne-Laure Babault, ancienne députée de la deuxième circonscription de Charente-Maritime et conseillère municipale, évoque un enjeu crucial : « 50 % des agriculteurs vont partir à la retraite dans les cinq prochaines années ». Pour elle, la revitalisation du métier d’agriculteur passe par l’amélioration des revenus et la simplification des démarches, des demandes exprimées par les professionnels du secteur.

Vers des mobilisations accrues dès le 2 décembre ?

Quelles seront les prochaines étapes de ce mouvement ? Kevin Dumont prévoit une intensification de la mobilisation : « Nous ne sommes qu’au début, la colère est croissante et les réponses de l’État manquent ». Le président des Jeunes Agriculteurs annonce des actions « en préparation » à partir du lundi 2 décembre, tout en réclamant des mesures « sur le revenu ». En effet, les agriculteurs subissent de plein fouet une chute des prix de vente pour les céréales, le bétail et le lait, impactant leur pouvoir d’achat.

Un nouvel obstacle se profile cependant : l’éventualité d’une censure par le gouvernement de Michel Barnier. Kevin Dumont exprime son espoir que cette motion ne soit pas mise en œuvre, tout en signalant l’« instabilité politique » qui règne depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin. « Nous continuerons à nous battre », assure-t-il, tout en admettant qu’en cas de censure, le mouvement serait contraint de recommencer « à zéro ». « Le monde agricole ne pourra pas résister trois ans dans de telles conditions », conclut-il avec lucidité.

Notre point de vue

À travers cette mobilisation, un désir de dialogue et de reconnaissance des enjeux ruraux se fait jour. L’union entre les maires et les agriculteurs donne à réfléchir sur la nécessité de réformes structurelles dans l’agriculture et le monde rural. Ces échanges mettent en lumière des défis criants tels que la pérennité des exploitations agricoles face à une pression économique croissante. S’il est essentiel d’entendre les voix se soulevant pour défendre le monde rural, il est tout aussi crucial que les décideurs politiques prennent ce mouvement au sérieux et envisagent des solutions adéquates qui garantissent un avenir durable pour tous.



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