Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a déclaré une “victoire pour l’Europe” lors de sa récente visite à Montevideo, en Uruguay. Cet événement marquait un moment clé de son second mandat alors qu’elle a officialisé la conclusion des négociations pour l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. “C’est le début d’une nouvelle histoire. J’attends avec impatience de dialoguer avec les pays européens concernant cet accord”, a-t-elle partagé lors d’une conférence de presse avec les présidents argentin, brésilien, paraguayen et uruguayen.

Un accord malgré l’opposition de la France

Ce traité, préparé pendant 25 ans, avance malgré les réticences exprimées par la France, qui est la deuxième puissance économique de l’Union européenne et la première en agriculture. En effet, Emmanuel Macron a clairement indiqué lors de sa visite en Amérique latine au mois de novembre que “la France ne signerait pas en l’état”, citant des inquiétudes concernant une possible concurrence des produits agricoles latino-américains.

Ce nouvel accord permettrait aux entreprises européennes d’accéder à un marché de 270 millions de consommateurs, actuellement soumis à de lourdes taxes sur leurs produits entrant dans cette zone de libre-échange sud-américaine. En contrepartie, le Mercosur augmenterait ses importations de véhicules, de médicaments et de machines fabriquées en Europe, tandis que la France se verrait confrontée à l’importation de soja et de viande bovine, en particulier en provenance du Brésil.

Les agriculteurs français, et en particulier les éleveurs bovins, redoutent cette évolution, une crainte partagée par leurs représentants au Parlement. Ainsi, le 26 novembre, l’Assemblée nationale a largement rejeté cet accord lors d’un vote symbolique.

Vers une minorité de blocage ?

Comme l’a expliqué Sophie Primas, ancienne ministre déléguée au Commerce extérieur, “Aujourd’hui n’est clairement pas la fin de l’histoire. Ce qui s’est passé à Montevideo n’est pas une signature officielle, mais la conclusion politique des négociations. Cela ne lie pas les États-membres, mais uniquement la Commission.” Une fois les ajustements techniques effectués et le texte traduit, l’accord devra encore être validé par le Conseil européen, requérant une majorité qualifiée qui représente au moins 15 pays, cumulant 65 % de la population de l’UE.

À ce stade, la France envisage des alliances avec d’autres pays réticents afin de former une minorité de blocage, représentant au moins 35 % de la population européenne. Elle se tourne vers la Pologne, qui a clairement exprimé ses réserves, tandis que l’Italie pourrait également soutenir cette opposition, soulignant que “les conditions ne sont pas réunies” pour sa signature dans l’état actuel. Si la France, l’Italie et la Pologne réussissent à s’allier, ils franchiraient le seuil critiqué des 35 %. Pendant ce temps, l’Autriche et les Pays-Bas manifestent également des craintes concernant cet accord.

Notre point de vue

L’accord entre l’UE et le Mercosur soulève des débats complexes qui vont bien au-delà des simples questions de commerce. Les préoccupations agricoles en France soulignent la tension entre les enjeux économiques et environnementaux, une contradiction souvent totale dans les discussions internationales. La lutte pour maintenir des standards de qualité et des méthodes de production respectueuses de l’écologie est essentielle. Alors même que les projets d’intégration commerciale se multiplient, il est impératif d’examiner leurs répercussions sur les systèmes agricoles et environnementaux des pays concernés. L’enjeu n’est pas seulement économique, mais aussi une question d’identité et de durabilité pour les producteurs locaux. Ce débat mérite d’être approfondi, dans l’intérêt d’une Europe à la fois forte sur le plan commercial et responsable sur le plan éthique.

Article original rédigé par : Prénom Nom.


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